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Le festival Tangopostale 2016 commence pour à l'Espace
St-Cyprien. Comme je voulais être parmi mes compatriotes belges pour
photographier l'ambiance dans le village foot à Bruges à l'occasion du quart
de final Belgique - Pays de Galles, qui se jouait jusqu'à 22.45 heures, nous
ne pouvions que partir vers minuit et nous voyaient obliger de rouler. Mais
tout se passait bien et nous arrivons à temps pour la pièce de théâtre. |
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Il restait même du temps pour nous avonturer dans le
décor. |
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Christian Couderette, le président de Tangopostale,
nous explique que le thème approfondit au festival cette année, c'est "les ports" et par extension
l'immigration et la prostitution, deux phénomènes bien présents à Buenos
Aires à l'époque. |
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Si l'on peut croire les statistiques, une 40.000 de
femmes françaises se seraient lancées dans le métier de la prostitution à
Buenos Aires. Albert Londres, journaliste investigateur, n'ayant pas peur de
se rendre sur place pour écrire ses histoires, décida d'en consacrer un livre
"Le chemin de Buenos Aires". |
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Après
se rendre à Paris sur le faubourg Saint-Denis pour y rencontrer des
maquereaux et se renseigner sur leurs pratiques et méthodes de chercher des
femmes prêtes à être exportées, il se rend à La Havre pour y emprunter le
bateau vers Buenos Aires. |
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A bord il repère très vite ces femmes souvent
peu éduquée et facilement “manoeuvrable”. Albert Londres ne la présente pas
comme des femmes désepérées. Beaucoup d’entre eux ont un enthousiasme
innocent, qui est accompagné presque constamment d’une quête de vie
meilleure, quel qu’en soit le coût. |
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Une
fois arrivé à Buenos Aires, Albert part à la rencontre de la “Franchucha”
(terme qui désigne aussi bien la Française que la fille de mauvaises moeurs)
et des hommes dont elles dépendent (les maquereaux). |
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Sur Esmeralda, il rencontre un groupe de
proxénètes qui ressemblent à des dandys bourgeois ; Victor le
victorieux lui raconte son parcours, et ses “achats“. “Nos femmes sont des
machines à sous”… rien n’est plus vrai. Pendant que messieurs devisent entre eux,
leurs femmes bossent dur… |
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Et comment voit-il
l’avenir Victor le victorieux? “Dans un an ma femme (la principale) cessera
le travail. Elle a gagné ses galons. Moi je vendrai ce qui me reste (ses
trois femmes d’Argentine), je rentrerai en France et tous deux,
désormais bourgeois, elle fière de moi et moi, fier d’elle, nous irons
l’hiver à Nice, le printemps à Saint-Cloud, l’été sur la Marne et l’automne à
Montmartre”. Tant de romantisme, on en verserait presque une petite larme… |
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Les maquereaux se présentent de fait en
“protecteur”, voire en bienfaiteur ! “Le métier de maquereau,
monsieur Albert, n’est pas un métier de père de famille! Il nous faut
être administrateur, éducateur, consolateur, hygiéniste”. Le ruffian souligne qu’il y a une vraie prise
de risque : il faut bien sûr miser sur le “bon cheval”. Qui sont donc
les jeunes femmes qu’ils convainquent de travailler pour eux à l’autre bout
du monde? Des filles “avec une bonne mentalité, c’est-à-dire docile[s], pas
féministe[s]”. Et puis pour en remettre une couche, il faut se rendre compte,
nous assènent les maques que sans eux, les femmes “fument, boivent, dansent,
prisent de la coco, s’offrent des béguins, découchent, se marient entre
elles!”. La perdition… |
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La jeune femme qui part pour Buenos Aires sait-elle ce
qui l’attend ? La plupart du temps, la réponse semble positive. Si elle
accepte ce "destin", c’est souvent parce que sa vie de
prostituée est bien meilleure que celle qu’elle menait en France. Les
maquereaux leur paient de jolis robes, leur mettent un toit sur la tête
–parfois élégant-, et elles peuvent conserver une partie de leur paie
qu’elles envoient à leur famille. Albert Londres cite le cas de Germaine X
qui refuse la proposition du consul de France pour l’aider à rentrer en
France. "Je suis heureuse comme je suis". |
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L’enquête, bien sûr, ne serait complète sans une visite
au « prostibulo ». Les Françaises se trouvent pour la plupart dans
les "casas francesas", où l’on fait la queue pour attendre son
tour… C’est donc ici que s’empressent de courir les Argentins en conclut
Londres. On y rencontre des Mademoiselle Opale, des mademoiselles Rubis, qui
ne se plaignent semble-t-il jamais de leur sort. |
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Pour rendre encore plus réelle la
pièce, des hommes parmi les spectateurs sont priés de se rendre sur scène. |
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Ils y font la queue avant de passer quelques moments en
dessus ou en dessous la dame dans la chambre derrière. |
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Et comment Mademoiselle Yvonne, comment va-t-elle? La
réponse viendra quelques années plus tard dans la chanson chanté par Carlos
Gardel: Madame Yvonne Letra de Enrique Cadicamo. Musica de Eduardo Pereyra (1933) Mamuasel Ivonne era
una pebeta |
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Ya no es la papusa del Barrio Latino, |
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Multiples sont aussi
les observations de la ville de Buenos Aires. Un exemple: Eh bien ! Cela,
c’est Buenos Aires. Comme je vous le dis
! Nous y voici. Et il n’y a pas de quoi perdre la
respiration. C’est une capitale. C’est même la capitale de la
République argentine. Je ne dirai pas le contraire. Il y a là deux millions
d’habitants. Ils s’y trouvent bien. Tant mieux!Je ne dissimulerai
rien. Même pas la rue de vingt-deux kilomètres de long. Elle y est. Qu’elle y
reste. Elle s’appelle Rivadavia. Ai-je fait ses vingt-deux kilomètres ? J’ai
essayé. Au quatorzième, je suis revenu définitivement écœuré de la ligne
droite. Il faut être ivre pour concevour 22 kilomètres de ligne droite. |
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… J’avais un plan de Buenos Aires. Il faudrait
un individu infiniment remarquable pour circuler sans plan à
Buenos Aires. C’est un nid d’abeilles. C’est fait comme un radiateur d’automobile. Les alvéoles s’appellent cuadres. Cuadre
veut dire carré. Ce sont
des carrés parfaits de cent mètres de côté. Buenos Aires est un interminable
champ?où?l’on?a?planté?des maisons, hectare après hectare. D’étroits
sillons séparent chacun de ces hectares bâtis, ce sont les rues. Parcourir Buenos Aires
n’est pas marcher, c’est jouer aux dames avec
ses pieds. On se croit un pion que l’on pousse à angles droits, sur un
damier. |
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La pièce est jouée par la TEI (Troupe
Ephémère et Improbable), qui constitue des danseurs et comédiens amateurs
d’associations à Montauban et Cahors. |
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Le récit d'Albert Londres rencontra un
vif succès, sauf auprès de la presse argentine, qui lui reprocha son
indulgence envers les proxénètes. Si le livre a rencontré un vif succès
auprès du public lors de sa parution, c'est qu'Albert LONDRES, avec sa
faconde naturelle, sa volubilité enjouée et entraînante, a agrémenté son
propos d'une bonne dose d'humour et d'ironie mordante. Le père du journalisme
moderne pointe les causes majeures du problème : le chômage et la misère. Sa
volonté est d'interpeller ses congénères et exhorter notre société à assumer
ses responsabilités pour pallier à la pauvreté qui conduit inévitablement à
la prostitution. |
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La pièce de théâtre
est suivie d’une conférence au sujet de la prostituion et migration par
Françoise Guillemaut, sociologue et maître de conférences. |
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